Tél. : 06 22 41 48 80 – E-mail : chantaljamet@yahoo.fr  – Chantal JAMET, Médiateure – Chemin du Grand Pinée 83440 CALLIAN

Chantal JAMET

Médiation

 

MEDIATEURE Près la Cour d'Appel, agréée FFCM, CNMA, Avocate honoraire,

Formatrice certifiée QUALIOPI

Adoptez le réflexe "Médiation"!

Les Temps de la Médiation

par | Jan 2, 2022 | 0 commentaires

En ce début d’année 2022, je souhaite partager avec vous quelques réflexions, la médiation étant, pour moi, l’avenir d’une justice plus sereine, plus proche et plus respectueuse du vivant. 

Tout d’abord, un grand Merci à mes Maîtres qui m’ont permis de découvrir la médiation et de me l’approprier depuis 1999.

La médiation, quel qu’en soit le modèle, n’est pas un processus structuré, même si on lui reconnaît parfois des « étapes ». Elle s’apparente encore moins à une procédure qui, par essence, est rigide, codifiée, planifiée. Ce qui ne peut être imposé à la médiation, au risque de lui faire perdre son âme.

En quoi la médiation est-elle différente des autres process ? 

La médiation n’est pas une délégation du juge ;

Elle est le seul mode amiable qui se soumette uniquement à la règle d’Ordre public ;

Elle nécessite une véritable formation faite d’un peu de droit, de beaucoup de communication bienveillante, de psychologie, de sociologie, d’ethnologie, d’humanisme, 

Elle est pratiquée avec bienveillance et respect pour les êtres vivants par un médiateur qui n’a aucun pouvoir…

La médiation est une musique, une mélopée qui remonte du fond des âges, de notre mémoire collective. Elle compte parmi ses ancêtres l’arbre à palabres africain, le bâton de paroles amérindien et bien d’autres souvent rythmés par un tambour, des silences.

La médiation est aussi une musique qui tient à sa finalité : harmoniser les relations entre les êtres. J’en veux pour preuve le vocabulaire utilisé pour en parler : rythme, tempo, chef d’orchestre, répétition, silences, point d’orgue…

La médiation a ses rythmes, son tempo, que chaque médiateur et chaque participant orchestrent lui donnant leur cadence, leur voix, leur impulsion. Elle est une forme musicale aussi libre que le sont les participants, transformable à l’infini du fait de son adaptabilité, ce que ne peut faire la loi nécessairement uniforme.

Oui, la liberté prévaut dans les relations entre les participants à la médiation. Elle leur laisse le choix de suivre ou pas le tempo que le médiateur va essayer d’impulser. Tout dépend du process de médiation choisi et des participants. 

Ainsi, le ton, ce quasi ordonnancement, est le plus souvent donné par le (la) médiateur(e) lors de la présentation du cadre, aussi fin soit-il, se limitant parfois à une « clé » au début de la partition de la médiation : une bonjour, une tasse de café ou de thé, un verre d’eau.

Le rythme est donné par la reformulation régulière des propos des participants par les médiateurs. Il l’est aussi par le mouvement de la prise de parole et par la répétition du cycle : paroles, reformulation, vérification, validation, paroles, reformulation, vérification, validation… comme une suite de notes et de silences.

L’Orchestration, faite au commencement de la médiation par le médiateur, va dégager le thème principal et lui donner un rythme. Au fur et à mesure qu’évoluent les échanges, l’orchestration sera modifiée par les participants et le médiateur, pour être ensuite presqu’uniquement écrite par les participants lors de la recherche des solutions, d’accords. 

Le médiateur, présenté parfois comme un « chef d’orchestre », perdra sa baguette et la direction de la médiation entre des solistes au fort égo et des choristes aux voix dissonantes. A lui d’instiller un peu de cohérence dans l’ensemble avec doigté.

Ces temps se modulent, se modifient, au cours de rendez-vous, d’entretiens, ou de conversations, comme les nomme John Peter WELDON (médiateur, avocat honoraire québécois, transmettant la « médiation transformative » de Baruch BUSH et FOLGER). 

On y aborde le passé, le présent et l’avenir. Ces temps donnent un rythme à la conversation sans devenir linéaire. Des solos, des retours en arrière, des silences prolongés, vont apparaître. Le médiateur doit agir de façon aussi légère qu’en plume pour accompagner le jeu de chacun des participants et les aider à trouver leurs harmonies, note après note. 

Je commence l’enseignement de la médiation avec les principes enseignés par Thomas FIUTAK (professeur honoraire de l’université de Minneapolis – Minnesota) qui servent de rampe d’escalier, de partition, de carte mentale. Et, je prends soin de préciser qu’au fur et à mesure que chaque médiateur évoluera dans le « métier de médiateur », il lâchera la rampe, la partition laissera de plus en plus de place à l’improvisation.

Car, plus qu’un savoir-faire, c’est bien un savoir-être que, médiation après médiation, le médiateur cisèle en fonction de sa personnalité, de son chemin de vie, de son ressenti, des participants, de la matière, du lieu, dans lesquels elle évolue…

Ainsi, lors de l’entretien initial que nous faisons avec chacune des parties dans une médiation (une « partie » peut compter plusieurs participants), il est courant que le médieur vous interrompe très tôt pour raconter son histoire. Écoutez-le ! 

Vous êtes avec des personnes qui ont besoin de se décharger de leurs peurs, de leur colère, de leurs interrogations, d’exprimer leurs ressentis… Vous ne pourrez pas jouer in extenso le solo bien préparé de votre belle explication de la médiation. Cela n’a pas d’importance… Si vous suivez leur rythme, le moment de distiller ces informations viendra au cours de ce « souvent plus de 3/4 d’heure » que peuvent durer ces entretiens initiaux qui sont plus que de simples « informations à la médiation ». 

C’est le moment, comme le souligne Jacques SALZER, de la création du lien de confiance que les médieurs auront en votre capacité à les aider à reprendre leur autonomie et sortir d’une situation qui leur parait inextricable.

D’autres moments seront suspendus, les participants n’allant pas au rythme que vous souhaiteriez, allant trop vite vers la recherche d’un résultat sans avoir vidé leur besace, donnant l’impression de tourner en rond, de vous laisser face à un point d’orgue, leur silence « trop long ». Vous aurez l’impression de vous heurter à des répétitions incessantes, comme un leitmotiv. Accompagnez-les. Reformulez. Questionnez si nécessaire. Écoutez leurs silences : ils sont parlants. Les participants vous en sauront gré car ils n’ont besoin que d’une chose : être écoutés.

Vous construirez ainsi, peu à peu, ce lien indispensable entre vous et les médieurs

pour les aider à avancer vers la solution qui sera la bonne puisque ce sera la leur, celle qu’ils auront construite ensemble, avec votre aide aussi légère que possible.

Ce mode « amiable » ne commence pourtant pas dans la douceur. Le début d’une médiation est presque toujours tendu, « chaud », les participants cherchant à faire valoir leur point de vue. Le médiateur se trouvera au milieu d’un tourbillon de mots, d’échanges parfois violents. Il accompagnera cela avec sérénité, sans laisser-faire.

Peu à peu, aidés des outils et des techniques assimilés pendant les formations, vous amènerez les médieurs à comprendre que, s’ils ne respectent pas le point de vue de l’autre (sans pour autant l’admettre), ils ne feront que reproduire sans cesse leur dispute stérile.

Si vous êtes pleinement, physiquement, mentalement, à leur écoute, le mimétisme fera qu’ils intégreront qu’il est essentiel de s’écouter. Cette écoute active pleine mènera au respect de l’autre et de soi-même, à la compréhension que l’autre peut voir, comprendre, ressentir, les choses de façon différente de la sienne.

Ils parviendront à ne plus s’interrompre parce qu’ils sauront qu’ils vont être écoutés avec respect et attention quand ils prendront la parole.

Ils finiront par dire ce qu’ils n’ont jamais dit (oui, pas même à leur avocat ou à leurs proches !) parce qu’étant dans une sphère de confidentialité. 

Point de fausse note puisque tout peut être dit au cours de la médiation qui se déroule sous le sceau de la confidentialité et dans le respect des autres participants. Rien de ce qui se dit en ce lieu ne pourra être utilisé, même devant une juridiction qui -au moins mal- rejetterait les écritures contenant des éléments révélés en médiation et donc couverts par la confidentialité (Jurisprudence constante de la Cour de Cassation).

Au fil des années, j’ai appris que le médiateur taisant est le meilleur des médiateurs. Ce pourquoi, le mode transformatif, que je sais gré à Marianne SOUQUET et à John Peter WELDON de m’avoir transmis, me convient davantage aujourd’hui. Dans l’approche transformative, John Peter Weldon précise que « les médiateurs ne sont que les invités des participants à une médiation ». Le tempo, le rythme, sont presque exclusivement donnés par les musiciens que sont les participants. Le médiateur intervient pour poser un léger cadre et pour reformuler. C’est à peine s’il questionne, se mettant toujours en retrait, s’effaçant le plus possible, pour laisser place à la performance de ses hôtes.

C’est encore, l’approche narrative, au cours de laquelle le médiateur a une rôle d’écoute et de reformulation, laissant les médieurs conter leur histoire, à leur façon, à leur rythme. Il laisse la musique des médieurs s’exprimer, intervenant le moins possible.

Cette musique, ce chant à plusieurs voix, ses mélodies aux accompagnements divers, répondent ainsi à bien des acceptions de la médiation. 

La médiation intervient dans beaucoup de domaines : scolaire, familial, entrepreneurial, culturel, social, scientifique… Cela fait partie de la musicalité de la médiation qui s’accorde à l’infini des situations particulières, s’invitant dans la vie quotidienne, quelque soit l’âge, la fonction, la culture des participants, le lieu où elle se déroule, car plus qu’un mode de résolution des conflits, elle est une manière d’être, de « vivre ensemble en paix ». 

Je commence par la définition de Michèle GUILLAUME-HOFNUNG, ( Professeur des univrsités – PUF, « Que Sais-je ? La médiation), qui lui donne une dimension créatrice et curative allant au-delà du règlement des conflits :

« … un processus de communication éthique reposant sur la responsabilité et lautonomie des participants, dans lequel un tiers – impartial, indépendant, et neutre (sans pouvoir décisionnel ou consultatif) avec la seule autorité que lui reconnaissent les médieurs, – favorise par des entretiens confidentiels l’établissement, le rétablissement du lien social, la prévention ou le règlement de la situation en cause » ;

Partant de sa définition, je me risque à la rendre plus musicale : 

La médiation est une partition consensuelle, rythmée par des conversations confidentielles au cours desquelles, avec laide dun tiers indépendant, neutre, impartial et formé à la médiation, les participants œuvrent librement pour harmoniser leurs relations.

Merci de votre écoute et Belle Année 2022 !